De la lecture
"C'étaient des livres qui obligeaient à penser à des choses auxquelles elle n'avait jamais pensé jusque-là. (...) Ce qui faisait la supériorité des livres, elle avait découvert ça à El Puerto de Santa Maria, c'était que l'on pouvait s'approprier des vies, des histoires et des réflexions qu'ils contenaient, et que l'on n'était jamais la même quand on les refermait que quand on les avait ouverts pour la première fois. Des gens très intelligents avaient écrit certaines de ces pages; et si on était capable de les lire avec humilité, patience et envie d'apprendre, ils ne vous décevaient jamais."
Du Management
"Ne doute jamais en public, avait dit Yasikov. Entoure-toi de conseillers, écoute les avec attention, attends pour te prononcer si nécessaire; mais ensuite, n'hésite jamais devant tes subalternes, ne laisse pas discuter tes décisions quand tu les prends. En théorie, un chef ne se trompe jamais. Non. Ce que tu dis a été médité avant. Surtout quand le respect est en cause. Si tu le peux, fais-toi aimer. C'est aussi une garantie de fidélité. Mais, dans tous les cas, quitte à choisir, être respectée passe avant d'être aiméé.
- J'en suis persuadée, répéta-t-elle.
Encore qu'au respect je préfère la crainte, pensait-elle. Mais elle ne s'impose pas d'un coup, il faut l'inspirer graduellement. N'importe qui peut faire peur aux autres; c'est à la portée du premier sauvage venu. Ce qui est difficile, c'est d'y arriver peu à peu."
De la mer
"Le grand avantage de la mer était que l'on pouvait passer des heures à la regarder, sans penser. Et même sans se rappeler, ou en faisant que les souvenirs se perdent dans le sillage aussi facilement qu'ils se présentaient, passant à travers vous sans laisser de traces, comme les feux des bateaux dans la nuit. Teresa l'avait appris de Santiago Fisterra: cela n'arrivait qu'en mer, parce que celle-ci était cruelle et égoïste comme les êtres humains, et de plus elle ignorait, dans sa terrible simplicité, le sens de mots compliqués comme pitié, blessures ou remords. C'est peut-être pour cela qu'elle agissait pratiquement comme un analgésique. On pouvait se reconnaître en elle, ou se justifier, pendant que le vent, la lumière, le balancement, le bruissement de l'eau contre la coque du bateau réalisait le miracle de mettre à distance toute pitié, toute blessure et tout remords, en les calmant jusqu'à qu'ils ne fassent plus souffrir.
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