« La mort est le prix que nous payons pour la vie, pour le fait d’avoir vécu. »
Hannah Arendt
Un blog sans prétention pour partager extraits de lectures et pensées (peu) profondes.
« La mort est le prix que nous payons pour la vie, pour le fait d’avoir vécu. »
Hannah Arendt
« (...) l’élève n’aura pas seulement rencontré des exemples de raisonnement. Il n’aura pas fait l’expérience seulement de verdicts, d’opinions, de propositions : il fera aussi, avec les auteurs ou personnages du passé, connaissance avec toutes les émotions possibles ; il aura rencontré tous les bonheurs et tous les malheurs, toutes les causes d’indignation et d’ingratitude, et toutes les aventures : cela aura élargi et enrichi son horizon intérieur. Laissons pour le moment de côté l’enrichissement moral qui, on le devine, compte beaucoup - on y reviendra. Mais d’ores et déjà il est clair que cet enrichissement intérieur joue aussi dans la formation de son esprit. Ce n’est plus le jugement proprement dit qui se forme ici : c’est la compréhension. Compréhension des êtres et des sentiments, compréhension des situations et des passions. Or, le meilleur moyen de réagir sainement dans la vie, est de percevoir les idées et les problèmes avec une profondeur humaine qui seule leur donne leur vrai sens. La compréhension qui naît ainsi chez l’élève est la forme la plus haute de l’intelligence. L’élève qui aura fait ses classes, même modestement, aura ajouté aux souvenirs des contes qui charmaient son enfance tout l’héritage de l’expérience humaine. Il aura conquis un empire avec Alexandre ou Napoléon, il aura perdu une fille avec Victor Hugo, il aura lutté seul sur les mers comme Ulysse ou bien comme Conrad, il aura vécu l’amour, la révolte, l’exil, la gloire. En fait d’expériences, ce n’est pas mal ! Et même s’il a oublié tous les détails, la possibilité de ces grandes aventures reste en lui comme une forme imprécise, mais capable d’éclairer sa très modeste expérience quotidienne et de faire de lui un esprit mieux informé, i.e., plus large et plus sûr. De plus - et cela compte ! - il aura été habitué à la diversité des jugements possibles et au contraste des divers sentiments ; il aura dû choisir, il aura dû prendre position. Ainsi se forme l’esprit critique. Par rapport à ces opinions de toutes sortes qu’il aura rencontrées, il aura été contraint de s’en former une à lui, qui ne soit pas due à une imitation hâtive des propos entendus autour de lui, mais qui soit éclairée, mûrie, personnelle. »
Jacqueline de Romilly, Le trésor des savoirs oubliés
Expression latine du jour : « flocci non facio »,
qui signifie littéralement « je n’en fais pas un flocon »,
façon romaine de signifier avec style « je n’en ai strictement rien à battre ».
« Souvent, dans l’ennui des vacances, dans la chaleur et la solitude de certains quartiers déserts, trouver un bon livre à lire devient une oasis qui nous éloigne d’autres choix qui ne nous feraient pas du bien. »
La littérature est un « gymnase du discernement ». Mieux que la philosophie et que les textes de nature analytique, elle apprend à reconnaître « l’inutilité et peut-être même l’impossibilité de réduire le mystère du monde et de l’être humain à une polarité antinomique vrai/faux, ou juste/injuste ».
A propos de la « Lettre du pape sur le rôle de la littérature dans la formation »
William Marx, professeur au Collège de France : « Les paroles du pape François sur la littérature, qui vont contre la tradition de censure de l’Eglise, sont révolutionnaires » (Le Monde)
« Ceux qui prétendent aimer la guerre ont dû la faire loin du carnage des champs de bataille, des cadavres épars et des femmes éventrées. La guerre est un mal absolu. Il n’y a pas de guerre joyeuse ou de guerre triste, de belle guerre ou de sale guerre. La guerre, c’est le sang, la souffrance, les visages brûlés, les yeux agrandis par la fièvre, la pluie, la boue, les excréments, les ordures, les rats qui courent sur les corps, les blessures monstrueuses, les femmes et les enfants transformés en charogne. La guerre humilie, déshonore, dégrade. C’est l’horreur du monde rassemblée dans un paroxysme de crasse, de sang, de larmes, de sueur et d’urine. »
Mémoires, les champs de braises, Hélie de Saint Marc (1922-2013)
« Pour créer de la mode, il faut nécessairement puiser dans le passé. Les plus grandes influences sont celles qui nous viennent de l’enfance. »
Nigo, directeur artistique de Kenzo in Le Nouvel Obs
« La démocratie commence à s’effondrer quand elle se met à parler le langage de ceux qui travaillent à sa perte en vidant les mots de leur sens. »
Myriam Revault d’Allonnes, in le Nouvel Obs