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lundi 25 août 2025

Savoir écrire pour savoir penser

 « Si les gens ne savent pas bien écrire, ils ne sauront pas bien penser, et s'ils ne savent pas bien penser, d'autres penseront à leur place. »

George Orwell 

mercredi 14 mai 2025

Sagesse de José « Pepe » Mujica

 Florilège de citations suite au décès de José Mujica (1935-2025), ancien président de l’Uruguay et l'un des leaders politiques sud-américains les plus respectés:

 « Tu n’es pas une fourmi ou un scarabée, car tu as de la conscience. Au lieu de suivre un destin naturel, une tradition, ou de mener une vie dépourvue de sens, tu peux faire quelque chose avec le monde où tu vis. Prends la vie entre tes mains et construis un projet collectif. »

« Ne perds pas ton temps à travailler pour gagner de l’argent, tu n’auras fait que perdre ta vie, ton temps de vie, dont la seule chose importante est de la vivre avec les autres… Vis comme tu penses ou tu finiras par penser comme tu vis ! »

 « Je ne suis pas pauvre, je ne me soumets pas à l’obligation de gaspiller mon temps à gagner de l’argent. Je garde la liberté d’être avec les autres. »

 « A quoi sert un vieil arbre s’il ne laisse pas passer la lumière pour que des nouvelles graines poussent à travers son feuillage ? » 

Source: Le Monde

 

dimanche 23 février 2025

Europe & tergiversations allemandes

« Et pour quoi faire ? C’est là que le nouveau verbe « merkeln » (tergiverser), cruel mais mérité, a pris tout son sens. Les crises immédiates qui ont été gérées l’ont été pour la plupart de manière raisonnable, mais souvent après avoir été aggravées par des mois d’inaction. Et sans visions à long terme, ce que l’Europe paie toujours aujourd’hui. » 

 A propos de l’inaction d’Angela Merkel dans Challenge, décembre 2024

lundi 5 août 2024

Les mots ont en sens

 « La démocratie commence à s’effondrer quand elle se met à parler le langage de ceux qui travaillent à sa perte en vidant les mots de leur sens. »

Myriam Revault d’Allonnes, in le Nouvel Obs

dimanche 4 août 2024

Ethique de la responsabilité (politique)

 « Le sociologue allemand Max Weber rappelait que l’action politique est inséparable d’une « éthique de la responsabilité » qui contraint l’homme politique (mais il en va de même pour les citoyens) à répondre des conséquences possibles de ses décisions. »

Myriam Revault d’Allonnes, in le Nouvel Obs

lundi 22 janvier 2024

Identité française

 “Je crois que le thème de l’identité française s’impose à tout le monde, qu’on soit de gauche, de droite ou du centre, de l’extrême gauche ou de l’extrême droite. C’est un problème qui se pose à tous les Français. D’ailleurs, à chaque instant, la France vivante se retourne vers l’histoire et vers son passé pour avoir des renseignements sur elle-même. Renseignements qu’elle accepte ou qu’elle n’accepte pas, qu’elle transforme ou auxquels elle se résigne. Mais, enfin, c’est une interrogation pour tout le monde.

II ne s’agit donc pas d’une identité de la France qui puisse être opposée à la droite ou à la gauche. Pour un historien, il y a une identité de la France à rechercher avec les erreurs et les succès possibles, mais en dehors de toute position politique partisane. Je ne veux pas qu’on s’amuse avec l’identité.”

Fernand Braudel (1902-1985), historien dans Le Monde

lundi 17 octobre 2022

Sombre est la nuit

« C’est toujours juste avant l’aube que la nuit est la plus sombre. »

Expression attribuée à différentes sources (Africaine, dissidente soviétique).

dimanche 16 octobre 2022

Polémos et sens de l’histoire

« Polemos (le conflit) est le père de toutes choses, et de toutes choses il est le roi. »

Héraclite 

… qui voulait dire par là que l’être et le monde n’existent qu’en devenir perpétuel, gouvernés par la seule adversité.

lundi 18 avril 2022

De la peste et du choléra

 [Billet dopinion/Vaut ce que ça vaut/Dailleurs, ce nest pas très bien écrit mais c'est lintention qui compte]

« Hors de question de choisir entre la peste et le choléra »

peut-on lire à gauche et à droite chez ceux que l’hubris du Président sortant insupporte à juste titre et ce, même si ce dernier s’incarne dans une sorte de centrisme synchrétique mixant positionnement de gauche sur les sujets sociétaux et de droite sur les sujets économiques et raisonnablement gaulliste sur les sujets internationaux (c’est à dire qu’une fois incarnées, ses positions crispantes relèvent encore de l’acceptable et a minima du réversible).

A ce on peut répondre une chose toute simple:le choléra a une létalité comprise entre 1,8 et 6%, et la peste entre 30 et 60, voire 100% pour certaines formes.

Et que donc il y a un choix à faire. Ne serait-ce encore une fois, pour que ce qui se fera puisse être défait/corrigé plus tard si la nécessité ou un changement politique se fait sentir.

Les représentants de la classe privilégiée, tournée vers le monde mais raisonnablement conservatrice, blanche et aisée pourraient être tentés de se dire que finalement une parenthèse Le Pen pourrait être un moment difficile à envisager sans conséquences plus importantes que cela. Deux points toutefois méritent une attention particulière, au-delà du discours classique anti extrême-droite (sur les libertés individuelles en particulier).

Tout d’abord il faut partir des faits: la France est un pays en déclin économique, politique et diplomatique relatif constant depuis près d’un siècle (mais cela est après tout un juste retour des choses tant ce pays a joué un rôle qui dépassait largement son importance démographique et historique les siècles précédents), dans un monde qui se multipolarise (typiquement la France en Asie, ça ne veut plus dire grand chose). La France est donc un acteur, important certes, mais qui pèse de moins en moins lourd sur la scène mondial (laffaire des sous-marins australiens nous le rappelle douloureusement).

La remise en question des alliances stratégiques qu’impliquerait l’accession au pouvoir d’un populisme de droite type Orban ou Bolsonaro afin de pouvoir mener une pseudo politique autonome amènerait deux ruptures majeures:

  • une révision de nos alliances militaires des Etats-Unis vers des Etats dont culturellement et politiquement nous sommes bien plus éloignés (Russie, Chine, Brésil de Bolsonaro, Inde de Modri).
  • une remise en cause de nos relations avec les pays de l’Union Européenne sur le modèle anglais pré Brexit... et qui nous a conduit au Brexit.

Or ces nouveaux alliés incarnation de cette pensée géopolitique alternative ont-ils in fine apporté à leur peuple ?

  • les classes défavorisées des Midlands vivent-elles mieux depuis qu’elles ont repris le contrôle de leur frontière et que certains libéraux britanniques cherchent à construire une Singapour sur Tamise ? La réponse est pour le moment non. Nos gilets jaunes feraient bien s’en rappeler. Dans les crises économiques, ce ne sont pas les riches qui souffrent le plus. 
  • est-ce que la critique de l’impérialisme américain certes tangible, brutal et historiquement fondé (quoique variable dans le temps), justifie qu’on aille se jeter dans les bras de Poutine et de Hafez-el-Assad, soit-disant victimes d’incompréhension (allez expliquer ça aux habitants d’Alep ou de Marioupol). 
  • accessoirement, est-ce qu’on pense sérieusement que la politique de la famille a encore du sens dans des nations prises ainsi dans les tourments de l’histoire ? (Poutine a-t-il réussi à enrayer le déclin démographique récurrent de la Russie: réponse non!). Ou qu’Orban stigmatise les minorités au nom d’une conviction personnelle (alors qu’il n’est qu’à la recherche de bouc émissaires faciles et finalement bien faibles). Et ce même si certains ultraconservateurs culturels ont pu profiter de ces momentum pour pousser leurs convictions (cf la bascule dans le camp conservateur de la Cour suprême américaine pendant le mandat Trump, belle réussite économico-diplomatique par ailleurs).

Tout cela pour dire qu’il faut laisser une chance à la réforme de l’intérieur. Jacques Chirac n’avait pas sû saisir l’opportunité après sa victoire sur le 1er Le Pen, pas sûr du tout qu’Emmanuel Macro ait compris le problème aujourd’hui... mais espérons que d’autres pourront influer et apaiser. Mais qu’on ait au moins cette chance... (chance qu’il faudra saisir sinon ce scénario pénible se renouvellera dans 5 ans).

Jean-Christophe

PS: et regardez comment tous les sujets se tiennent: si on écoute Jordan Bardella le prix de l’essence va augmenter si on continue notre politique actuelle en Ukraine. Le risque est d’ailleurs là: que par intérêt purement économique (et entendable au demeurant), on cède devant l’abjecte. Et pour reprendre la citation apocryphe de Churchill après les Accords de Munich: “Vous aviez à choisir entre la guerre et le déshonneur ; vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre.”. On n’aura peut-être pas la guerre, mais d’autres oui et in fine la France n’en sortira pas plus forte.

PS2: et on ne parlera pas des antivax devenus propoutine et qui défendent la candidature des outsiders du système. Il faut bien vivre avec ces personnes; de là à leur donner les clés du pays...

PS3: une touche dhumour (noir) pour finir...



dimanche 17 avril 2022

Discours à la jeunesse

« Mesdames, Messieurs, Jeunes élèves,
C’est une grande joie pour moi de me retrouver en ce lycée d’Albi et d’y reprendre un instant la parole. Grande joie nuancée d’un peu de mélancolie ; car lorsqu’on revient à de longs intervalles, on mesure soudain ce que l’insensible fuite des jours a ôté de nous pour le donner au passé. Le temps nous avait dérobés à nous-mêmes, parcelle à parcelle, et tout à coup c’est un gros bloc de notre vie que nous voyons loin de nous. La longue fourmilière des minutes emportant chacune un grain chemine silencieusement, et un beau soir le grenier est vide.

Mais qu’importe que le temps nous retire notre force peu à peu, s’il l’utilise obscurément pour des œuvres vastes en qui survit quelque chose de nous ? Il y a vingt-deux ans, c’est moi qui prononçais ici le discours d’usage. Je me souviens (et peut-être quelqu’un de mes collègues d’alors s’en souvient-il aussi) que j’avais choisi comme thème : les jugements humains. Je demandais à ceux qui m’écoutaient de juger les hommes avec bienveillance, c’est-à-dire avec équité, d’être attentifs, dans les consciences les plus médiocres et les existences les plus dénuées, aux traits de lumière, aux fugitives étincelles de beauté morale par où se révèle la vocation de grandeur de la nature humaine. Je les priais d’interpréter avec indulgence le tâtonnant effort de l’humanité incertaine.

Peut-être, dans les années de lutte qui ont suivi, ai-je manqué plus d’une fois envers des adversaires à ces conseils de généreuse équité. Ce qui me rassure un peu, c’est que j’imagine qu’on a dû y manquer aussi parfois à mon égard, et cela rétablit l’équilibre. Ce qui reste vrai, à travers toutes nos misères, à travers toutes les injustices commises ou subies, c’est qu’il faut faire un large crédit à la nature humaine ; c’est qu’on se condamne soi-même à ne pas comprendre l’humanité, si on n’a pas le sens de sa grandeur et le pressentiment de ses destinées incomparables.

Cette confiance n’est ni sotte, ni aveugle, ni frivole. Elle n’ignore pas les vices, les crimes, les erreurs, les préjugés, les égoïsmes de tout ordre, égoïsme des individus, égoïsme des castes, égoïsme des partis, égoïsme des classes, qui appesantissent la marche de l’homme, et absorbent souvent le cours du fleuve en un tourbillon trouble et sanglant. Elle sait que les forces bonnes, les forces de sagesse, de lumière, de justice, ne peuvent se passer du secours du temps, et que la nuit de la servitude et de l’ignorance n’est pas dissipée par une illumination soudaine et totale, mais atténuée seulement par une lente série d’aurores incertaines.

Oui, les hommes qui ont confiance en l’homme savent cela. Ils sont résignés d’avance à ne voir qu’une réalisation incomplète de leur vaste idéal, qui lui-même sera dépassé ; ou plutôt ils se félicitent que toutes les possibilités humaines ne se manifestent point dans les limites étroites de leur vie. Ils sont pleins d’une sympathie déférente et douloureuse pour ceux qui ayant été brutalisés par l’expérience immédiate ont conçu des pensées amères, pour ceux dont la vie a coïncidé avec des époques de servitude, d’abaissement et de réaction, et qui, sous le noir nuage immobile, ont pu croire que le jour ne se lèverait plus. Mais eux-mêmes se gardent bien d’inscrire définitivement au passif de l’humanité qui dure les mécomptes des générations qui passent. Et ils affirment, avec une certitude qui ne fléchit pas, qu’il vaut la peine de penser et d’agir, que l’effort humain vers la clarté et le droit n’est jamais perdu. L’histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l’invincible espoir.

Dans notre France moderne, qu’est-ce donc que la République ? C’est un grand acte de confiance. Instituer la République, c’est proclamer que des millions d’hommes sauront tracer eux-mêmes la règle commune de leur action ; qu’ils sauront concilier la liberté et la loi, le mouvement et l’ordre ; qu’ils sauront se combattre sans se déchirer ; que leurs divisions n’iront pas jusqu’à une fureur chronique de guerre civile, et qu’ils ne chercheront jamais dans une dictature même passagère une trêve funeste et un lâche repos. Instituer la République, c’est proclamer que les citoyens des grandes nations modernes, obligés de suffire par un travail constant aux nécessités de la vie privée et domestique, auront cependant assez de temps et de liberté d’esprit pour s’occuper de la chose commune. Et si cette République surgit dans un monde monarchique encore, c’est assurer qu’elle s’adaptera aux conditions compliquées de la vie internationale sans rien entreprendre sur l’évolution plus lente des peuples, mais sans rien abandonner de sa fierté juste et sans atténuer l’éclat de son principe.

Oui, la République est un grand acte de confiance et un grand acte d’audace. L’intervention en était si audacieuse, si paradoxale, que même les hommes hardis qui il y a cent dix ans, ont révolutionné le monde, en écartèrent d’abord l’idée. Les Constituants de 1789 et de 1791, même les Législateurs de 1972 croyaient que la monarchie traditionnelle était l’enveloppe nécessaire de la société nouvelle. Ils ne renoncèrent à cet abri que sous les coups répétés de la trahison royale. Et quand enfin ils eurent déraciné la royauté, la République leur apparut moins comme un système prédestiné que comme le seul moyen de combler le vide laissé par la monarchie. Bientôt cependant, et après quelques heures d’étonnement et presque d’inquiétude, ils l’adoptèrent de toute leur pensée et de tout leur cœur. Ils résumèrent, ils confondirent en elle toute la Révolution. Et ils ne cherchèrent point à se donner le change. Ils ne cherchèrent point à se rassurer par l’exemple des républiques antiques ou des républiques helvétiques et italiennes. Ils virent bien qu’ils créaient une œuvre nouvelle, audacieuse et sans précédent. Ce n’était point l’oligarchique liberté des républiques de la Grèce, morcelées, minuscules et appuyées sur le travail servile. Ce n’était point le privilège superbe de la république romaine, haute citadelle d’où une aristocratie conquérante dominait le monde, communiquant avec lui par une hiérarchie de droits incomplets et décroissants qui descendait jusqu’au néant du droit, par un escalier aux marches toujours plus dégradées et plus sombres, qui se perdait enfin dans l’abjection de l’esclavage, limite obscure de la vie touchant à la nuit souterraine. Ce n’était pas le patriciat marchand de Venise et de Gênes. Non, c’était la République d’un grand peuple où il n’y avait que des citoyens et où tous les citoyens étaient égaux. C’était la République de la démocratie et du suffrage universel. C’était une nouveauté magnifique et émouvante.

Les hommes de la Révolution en avaient conscience. Et lorsque dans la fête du 10 août 1793, ils célébrèrent cette Constitution, qui pour la première fois depuis l’origine de l’histoire organisait dans la souveraineté nationale la souveraineté de tous, lorsque artisans et ouvriers, forgerons, menuisiers, travailleurs des champs défilèrent dans le cortège, mêlés aux magistrats du peuple et ayant pour enseignes leurs outils, le président de la Convention put dire que c’était un jour qui ne ressemblait à aucun autre jour, le plus beau jour depuis que le soleil était suspendu dans l’immensité de l’espace ! Toutes les volontés se haussaient, pour être à la mesure de cette nouveauté héroïque. C’est pour elle que ces hommes combattirent et moururent. C’est en son nom qu’ils refoulèrent les rois de l’Europe. C’est en son nom qu’ils se décimèrent. Et ils concentrèrent en elle une vie si ardente et si terrible, ils produisirent par elle tant d’actes et tant de pensées qu’on put croire que cette République toute neuve, sans modèles comme sans traditions, avait acquis en quelques années la force et la substance des siècles.

Et pourtant que de vicissitudes et d’épreuves avant que cette République que les hommes de la Révolution avaient crue impérissable soit fondée enfin sur notre sol ! Non seulement après quelques années d’orage elle est vaincue, mais il semble qu’elle s’efface à jamais de l’histoire et de la mémoire même des hommes. Elle est bafouée, outragée ; plus que cela, elle est oubliée. Pendant un demi-siècle, sauf quelques cœurs profonds qui garderaient le souvenir et l’espérance, les hommes la renient ou même l’ignorent. Les tenants de l’Ancien régime ne parlent d’elle que pour en faire honte à la Révolution : “ Voilà où a conduit le délire révolutionnaire ! ” Et parmi ceux qui font profession de défendre le monde moderne, de continuer la tradition de la Révolution, la plupart désavouent la République et la démocratie. On dirait qu’ils ne se souviennent même plus. Guizot s’écrie : “ Le suffrage universel n’aura jamais son jour ”. Comme s’il n’avait pas eu déjà ses grands jours d’histoire, comme si la Convention n’était pas sortie de lui. Thiers, quand il raconte la Révolution du10 août, néglige de dire qu’elle proclama le suffrage universel, comme si c’était là un accident sans importance et une bizarrerie d’un jour. République, suffrage universel, démocratie, ce fut, à en croire les sages, le songe fiévreux des hommes de la Révolution. Leur œuvre est restée, mais leur fièvre est éteinte et le monde moderne qu’ils ont fondé, s’il est tenu de continuer leur œuvre, n’est pas tenu de continuer leur délire. Et la brusque résurrection de la République, reparaissant en 1848 pour s’évanouir en 1851, semblait en effet la brève rechute dans un cauchemar bientôt dissipé.

Et voici maintenant que cette République, qui dépassait de si haut l’expérience séculaire des hommes et le niveau commun de la pensée que, quand elle tomba, ses ruines mêmes périrent et son souvenir s’effrita, voici que cette République de démocratie, de suffrage universel et d’universelle dignité humaine, qui n’avait pas eu de modèle et qui semblait destinée à n’avoir pas de lendemain, est devenue la loi durable de la nation, la forme définitive de la vie française, le type vers lequel évoluent lentement toutes les démocraties du monde.

Or, et c’est là surtout ce que je signale à vos esprits, l’audace même de la tentative a contribué au succès. L’idée d’un grand peuple se gouvernant lui-même était si noble qu’aux heures de difficulté et de crise elle s’offrait à la conscience de la nation. Une première fois en 1793 le peuple de France avait gravi cette cime, et il y avait goûté un si haut orgueil, que toujours sous l’apparent oubli et l’apparente indifférence, le besoin subsistait de retrouver cette émotion extraordinaire. Ce qui faisait la force invincible de la République, c’est qu’elle n’apparaissait pas seulement de période en période, dans le désastre ou le désarroi des autres régimes, comme l’expédient nécessaire et la solution forcée. Elle était une consolation et une fierté. Elle seule avait assez de noblesse morale pour donner à la nation la force d’oublier les mécomptes et de dominer les désastres. C’est pourquoi elle devait avoir le dernier mot. Nombreux sont les glissements et nombreuses les chutes sur les escarpements qui mènent aux cimes ; mais les sommets ont une force attirante. La République a vaincu parce qu’elle est dans la direction des hauteurs, et que l’homme ne peut s’élever sans monter vers elle. La loi de la pesanteur n’agit pas souverainement sur les sociétés humaines, et ce n’est pas dans les lieux bas qu’elles trouvent leur équilibre. Ceux qui, depuis un siècle, ont mis très haut leur idéal ont été justifiés par l’histoire.

Et ceux-là aussi seront justifiés qui le placent plus haut encore. Car le prolétariat dans son ensemble commence à affirmer que ce n’est pas seulement dans les relations politiques des hommes, c’est aussi dans leurs relations économiques et sociales qu’il faut faire entrer la liberté vraie, l’égalité, la justice. Ce n’est pas seulement la cité, c’est l’atelier, c’est le travail, c’est la production, c’est la propriété qu’il veut organiser selon le type républicain. À un système qui divise et qui opprime, il entend substituer une vaste coopération sociale où tous les travailleurs de tout ordre, travailleurs de la main et travailleurs du cerveau, sous la direction de chefs librement élus par eux, administreront la production enfin organisée.

Messieurs, je n’oublie pas que j’ai seul la parole ici et que ce privilège m’impose beaucoup de réserve. Je n’en abuserai point pour dresser dans cette fête une idée autour de laquelle se livrent et se livreront encore d’âpres combats. Mais comment m’était-il possible de parler devant cette jeunesse qui est l’avenir, sans laisser échapper ma pensée d’avenir ? Je vous aurais offensés par trop de prudence ; car quel que soit votre sentiment sur le fond des choses, vous êtes tous des esprits trop libres pour me faire grief d’avoir affirmé ici cette haute espérance socialiste qui est la lumière de ma vie.

Je veux seulement dire deux choses, parce quelles touchent non au fond du problème, mais à la méthode de l’esprit et à la conduite de la pensée. D’abord, envers une idée audacieuse qui doit ébranler tant d’intérêts et tant d’habitudes et qui prétend renouveler le fond même de la vie, vous avez le droit d’être exigeants. Vous avez le droit de lui demander de faire ses preuves, c’est-à-dire d’établir avec précision comment elle se rattache à toute l’évolution politique et sociale, et comment elle peut s’y insérer. Vous avez le droit de lui demander par quelle série de formes juridiques et économiques elle assurera le passage de l’ordre existant à l’ordre nouveau. Vous avez le droit d’exiger d’elle que les premières applications qui en peuvent être faites ajoutent à la vitalité économique et morale de la nation. Et il faut qu’elle prouve, en se montrant capable de défendre ce qu’il y a déjà de noble et de bon dans le patrimoine humain, qu’elle ne vient pas le gaspiller, mais l’agrandir. Elle aurait bien peu de foi en elle-même si elle n’acceptait pas ces conditions.

En revanche, vous, vous lui devez de l’étudier d’un esprit libre, qui ne se laisse troubler par aucun intérêt de classe. Vous lui devez de ne pas lui opposer ces railleries frivoles, ces affolements aveugles ou prémédités et ce parti pris de négation ironique ou brutale que si souvent, depuis un siècle même, les sages opposèrent à la République, maintenant acceptée de tous, au moins en sa forme. Et si vous êtes tentés de dire encore qu’il ne faut pas s’attarder à examiner ou à discuter des songes, regardez en un de vos faubourgs ? Que de railleries, que de prophéties sinistres sur l’œuvre qui est là ! Que de lugubres pronostics opposés aux ouvriers qui prétendaient se diriger eux-mêmes, essayer dans une grande industrie la forme de la propriété collective et la vertu de la libre discipline ! L’œuvre a duré pourtant ; elle a grandi : elle permet d’entrevoir ce que peut donner la coopération collectiviste. Humble bourgeon à coup sûr, mais qui atteste le travail de la sève, la lente montée des idées nouvelles, la puissance de transformation de la vie. Rien n’est plus menteur que le vieil adage pessimiste et réactionnaire de l’Ecclésiaste désabusé : “ Il n’y rien de nouveau sous le soleil ”. Le soleil lui-même a été jadis une nouveauté, et la terre fut une nouveauté, et l’homme fut une nouveauté. L’histoire humaine n’est qu’un effort incessant d’invention, et la perpétuelle évolution est une perpétuelle création.

C’est donc d’un esprit libre aussi que vous accueillerez cette autre grande nouveauté qui s’annonce par des symptômes multipliés : la paix durable entre les nations, la paix définitive. Il ne s’agit point de déshonorer la guerre dans le passé. Elle a été une partie de la grande action humaine, et l’homme l’a ennoblie par la pensée et le courage, par l’héroïsme exalté, par le magnanime mépris de la mort. Elle a été sans doute et longtemps, dans le chaos de l’humanité désordonnée et saturée d’instincts brutaux, le seul moyen de résoudre les conflits ; elle a été aussi la dure force qui, en mettant aux prises les tribus, les peuples, les races, a mêlé les élément humains et préparé les groupements vastes. Mais un jour vient, et tout nous signifie qu’il est proche, où l’humanité est assez organisée, assez maîtresse d’elle-même pour pouvoir résoudre, par la raison, la négociation et le droit, les conflits de ses groupements et de ses forces. Et la guerre, détestable et grande tant qu’elle est nécessaire, est atroce et scélérate quand elle commence à paraître inutile.

Je ne vous propose pas un rêve idyllique et vain. Trop longtemps les idées de paix et d’unité humaines n’ont été qu’une haute clarté illusoire qui éclairait ironiquement les tueries continuées. Vous souvenez-vous de l’admirable tableau que vous a laissé Virgile de la chute de Troie ? C’est la nuit : la cité surprise est envahie par le fer et le feu, par le meurtre, l’incendie et le désespoir. Le palais de Priam est forcé et les portes abattues laissent apparaître la longue suite des appartements et des galeries. De chambre en chambre, les torches et les glaives poursuivent les vaincus ; enfants, femmes, vieillards se réfugient en vain auprès de l’autel domestique que le laurier sacré ne protège pas contre la mort et contre l’outrage ; le sang coule à flots, et toutes les bouches crient de terreur, de douleur, d’insulte et de haine. Mais par dessus la demeure bouleversée et hurlante, les cours intérieures, les toits effondrés laissent apercevoir le grand ciel serein et paisible et toute la clameur humaine de violence et d’agonie monte vers les étoiles d’or : Ferit aurea sidera clamor2.

De même, depuis vingt siècles et de période en période, toutes les fois qu’une étoile d’unité et de paix s’est levée sur les hommes, la terre déchirée et sombre a répondu par des clameurs de guerre.

C’était d’abord l’astre impérieux de la Rome conquérante qui croyait avoir absorbé tous les conflits dans le rayonnement universel de sa force. L’empire s’effondre sous le choc des barbares, et un effroyable tumulte répond à la prétention superbe de la paix romaine. Puis ce fut l’étoile chrétienne qui enveloppa la terre d’une lueur de tendresse et d’une promesse de paix. Mais atténuée et douce aux horizons galiléens, elle se leva dominatrice et âpre sur l’Europe féodale. La prétention de la papauté à apaiser le monde sous sa loi et au nom de l’unité catholique ne fit qu’ajouter aux troubles et aux conflits de l’humanité misérable. Les convulsions et les meurtres du Moyen Âge, les chocs sanglants des nations modernes, furent la dérisoire réplique à la grande promesse de paix chrétienne. La Révolution à son tour lève un haut signal de paix universelle par l’universelle liberté. Et voilà que de la lutte même de la Révolution contre les forces du vieux monde, se développent des guerres formidables.

Quoi donc ? La paix nous fuira-t-elle toujours ? Et la clameur des hommes, toujours forcenés et toujours déçus, continuera-t-elle à monter vers les étoiles d’or, des capitales modernes incendiées par les obus, comme de l’antique palais de Priam incendié par les torches ? Non ! Non ! Et malgré les conseils de prudence que nous donnent ces grandioses déceptions, j’ose dire, avec des millions d’hommes, que maintenant la grande paix humaine est possible, et si nous le voulons, elle est prochaine. Des forces neuves y travaillent : la démocratie, la science méthodique, l’universel prolétariat solidaire. La guerre devient plus difficile, parce qu’avec les gouvernements libres des démocraties modernes, elle devient à la fois le péril de tous par le service universel, le crime de tous par le suffrage universel. La guerre devient plus difficile, parce qu’avec les gouvernements libres des démocraties modernes, elle devient à la fois le péril de tous par le service universel, le crime de tous par le suffrage universel. La guerre devient plus difficile parce que la science enveloppe tous les peuples dans un réseau multiplié, dans un tissu plus serré tous les jours de relations, d’échanges, de conventions ; et si le premier effet des découvertes qui abolissent les distances est parfois d’aggraver les froissements, elles créent à la longue une solidarité, une familiarité humaine qui font de la guerre un attentat monstrueux et une sorte de suicide collectif.

Enfin, le commun idéal qui exalte et unit les prolétaires de tous les pays les rend plus réfractaires tous les jours à l’ivresse guerrière, aux haines et aux rivalités de nations et de races. Oui, comme l’histoire a donné le dernier mot à la République si souvent bafouée et piétinée, elle donnera le dernier mot à la paix, si souvent raillée par les hommes et les choses, si souvent piétinée par la fureur des événements et des passions. Je ne vous dis pas : c’est une certitude toute faite. Il n’y a pas de certitude toute faite en histoire. Je sais combien sont nombreux encore aux jointures des nations les points malades d’où peut naître soudain une passagère inflammation générale. Mais je sais aussi qu’il y a vers la paix des tendances si fortes, si profondes, si essentielles, qu’il dépend de vous, par une volonté consciente, délibérée, infatigable, de systématiser ces tendances et de réaliser enfin le paradoxe de la grande paix humaine, comme vos pères ont réalisé le paradoxe de la grande liberté républicaine. Œuvre difficile, mais non plus œuvre impossible. Apaisement des préjugés et des haines, alliances et fédérations toujours plus vastes, conventions internationales d’ordre économique et social, arbitrage international et désarmement simultané, union des hommes dans le travail et dans la lumière : ce sera, jeunes gens, le plus haut effort et la plus haute gloire de la génération qui se lève.

Non, je ne vous propose pas un rêve décevant ; je ne vous propose pas non plus un rêve affaiblissant. Que nul de vous ne croit que dans la période encore difficile et incertaine qui précédera l’accord définitif des nations, nous voulons remettre au hasard de nos espérances la moindre parcelle de la sécurité, de la dignité, de la fierté de la France. Contre toute menace et toute humiliation, il faudrait la défendre : elle est deux fois sacrée pour nous, parce qu’elle est la France, et parce qu’elle est humaine

Même l’accord des nations dans la paix définitive n’effacera pas les patries, qui garderont leur profonde originalité historique, leur fonction propre dans l’œuvre commune de l’humanité réconciliée. Et si nous ne voulons pas attendre, pour fermer le livre de la guerre, que la force ait redressé toutes les iniquités commises par la force, si nous ne concevons pas les réparations comme des revanches, nous savons bien que l’Europe, pénétrée enfin de la vertu de la démocratie et de l’esprit de paix, saura trouver les formules de conciliation qui libéreront tous les vaincus des servitudes et des douleurs qui s’attachent à la conquête. Mais d’abord, mais avant tout, il faut rompre le cercle de fatalité, le cercle de fer, le cercle de haine où les revendications même justes provoquent des représailles qui se flattent de l’être, où la guerre tourne après la guerre en un mouvement sans issue et sans fin, où le droit et la violence, sous la même livrée sanglante, ne se discernent presque plus l’un de l’autre, et où l’humanité déchirée pleure de la victoire de la justice presque autant que de sa défaite.

Surtout, qu’on ne nous accuse point d’abaisser et d’énerver les courages. L’humanité est maudite, si pour faire preuve de courage elle est condamnée à tuer éternellement. Le courage, aujourd’hui, ce n’est pas de maintenir sur le monde la sombre nuée de la Guerre, nuée terrible, mais dormante, dont on peut toujours se flatter qu’elle éclatera sur d’autres. Le courage, ce n’est pas de laisser aux mains de la force la solution des conflits que la raison peut résoudre ; car le courage est l’exaltation de l’homme, et ceci en est l’abdication. Le courage pour vous tous, courage de toutes les heures, c’est de supporter sans fléchir les épreuves de tout ordre, physiques et morales, que prodigue la vie. Le courage, c’est de ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions et des forces ; c’est de garder dans les lassitudes inévitables l’habitude du travail et de l’action. Le courage dans le désordre infini de la vie qui nous sollicite de toutes parts, c’est de choisir un métier et de le bien faire, quel qu’il soit ; c’est de ne pas se rebuter du détail minutieux ou monotone ; c’est de devenir, autant que l’on peut, un technicien accompli ; c’est d’accepter et de comprendre cette loi de la spécialisation du travail qui est la condition de l’action utile, et cependant de ménager à son regard, à son esprit, quelques échappées vers le vaste monde et des perspectives plus étendues. Le courage, c’est d’être tout ensemble, et quel que soit le métier, un praticien et un philosophe. Le courage, c’est de comprendre sa propre vie, de la préciser, de l’approfondir, de l’établir et de la coordonner cependant à la vie générale. Le courage, c’est de surveiller exactement sa machine à filer ou à tisser, pour qu’aucun fil ne se casse, et de préparer cependant un ordre social plus vaste et plus fraternel où la machine sera la servante commune des travailleurs libérés. Le courage, c’est d’accepter les conditions nouvelles que la vie fait à la science et à l’art, d’accueillir, d’explorer la complexité presque infinie des faits et des détails, et cependant d’éclairer cette réalité énorme et confuse par des idées générales, de l’organiser et de la soulever par la beauté sacrée des formes et des rythmes. Le courage, c’est de dominer ses propres fautes, d’en souffrir mais de n’en pas être accablé et de continuer son chemin. Le courage, c’est d’aimer la vie et de regarder la mort d’un regard tranquille ; c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ; c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense. Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques.

Ah ! vraiment, comme notre conception de la vie est pauvre, comme notre science de vivre est courte, si nous croyons que, la guerre abolie, les occasions manqueront aux hommes d’exercer et d’éprouver leur courage, et qu’il faut prolonger les roulements de tambour qui dans les lycées du premier Empire faisaient sauter les cœurs ! Ils sonnaient alors un son héroïque ; dans notre vingtième siècle, ils sonneraient creux. Et vous, jeunes gens, vous voulez que votre vie soit vivante, sincère et pleine. C’est pourquoi je vous ai dit, comme à des hommes, quelques-unes des choses que je portais en moi. »

(1) Allusion à la Verrerie Ouvrière d’Albi, une grande affaire pour Jaurès et le mouvement ouvrier dans les années précédentes. Rendue nécessaire par le lock-out des verriers de Carmaux par leur patron Resseguier (1895), la Verrerie Ouvrière d’Albi, propriété de l’ensemble du prolétariat, fut inaugurée à Albi le 25 octobre 1896 par Jaurès et Rochefort.
(2) Leur clameur heurte les étoiles d’or, Virgile, L’Énéide, II, 488 (trad. Les Belles Lettres, 2002).

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Présentation et notes de Gilles Candar
Au cours de sa carrière universitaire et politique, Jaurès prononça plusieurs discours de distribution des prix. Celui-ci est non seulement le plus célèbre d’entre eux, mais aussi le texte le plus connu et le plus fréquemment cité de Jaurès. La cérémonie a lieu le 30 juillet 1903, Jaurès s’adresse aux élèves du lycée d’Albi, où il a lui-même été élève, puis professeur quelques décennies plus tôt. Il est alors un personnage officiel : député socialiste de Carmaux certes, mais aussi vice-président de la Chambre des députés et personnage clef de la majorité parlementaire. On le surnomme “ le ministre de la Parole ” ou le “ Saint-Jean Bouche d’Or ” du gouvernement Combes qui mène une vigoureuse politique anticléricale et d’action républicaine dont l’issue sera le 9 décembre 1905 le vote de la loi de séparation des Églises et de l’État
 

 

mardi 29 juin 2021

Crise du politique

« Les peuples ont les gouvernants qu’ils méritent. Si on choisit de faire tourner le pire dans nos têtes comme dans un shaker à longueur de journée, on aura de la colère, de la vindicte, de la haine, et la recherche d’un bouc émissaire. »

Akhenaton : « Je suis un enfant de la violence, donc un adulte de la paix »,via Le Monde

mardi 17 novembre 2020

Complotisme

 « Un mensonge peut faire le tour de la terre le temps que la vérité mette ses chaussures. » 

Mark Twain

dimanche 18 octobre 2020

Langage politique

« Le langage politique est destiné […] à donner l’apparence de la solidité à ce qui n’est que du vent. »

Gorges Orwell, Politics & the English Language, 1946
cité par Olivier Tesquet

mardi 14 juillet 2020

L’Histoire radote

« S’il est artificiel (et anachronique) de soumettre une pensée millénaire à nos propre grilles de valeurs, il peut être fécond, en revanche, de confronter des analyses antiques à l’époque contemporaine, et de mesurer, à cette occasion, combien l’Histoire radote. »

Raphaël Einthoven, thread sur Twitter

lundi 16 septembre 2019

Fin d'un monde

« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. »

Antonio Gramsci

mardi 18 juin 2019

En Marche

« Dans la vie, il n’y a pas de solutions. Il y a des forces en marche : il faut les créer et les solutions suivent. »

Antoine de Saint-Exupéry, Vol de nuit, une citation à l’origine du mouvement En Marche d’Emmanuel Macron

dimanche 16 juin 2019

Importance de l'histoire...

« Je ne crois pas qu’on puisse faire de l’action politique raisonnée, si on ne connaît pas l’histoire politique de son pays. »

Jean-Luc Mélanchon, sur herodote.net le 17/06/2016

La prudence du roi Louis XI

« Il eut l’audace de préférer la ruse à la force et il eut la grâce de mettre en pratique un sens de l’humour qui fit de lui un étranger dans son époque. Quoiqu’il ait transformé un grand royaume et laissé à la postérité une brillante leçon de politique, peut-être n’est-il pas plus important par ce qu’il fit que par ce qu’il fut : une des personnalités les plus extraordinaires de tous les temps. »

Paul Murray Kendall, Louis XI

vendredi 15 mars 2019

L'emballement de la machine politico-administrative

« Jadis, il y avait de cela de longs siècles, des co-sentients animés par la volonté de « bien faire » s’étaient emparés du gouvernement. Ignorants des motifs effroyablement complexes, mêlés de culpabilité et d’autopunition, cachés derrière leur compulsion, ils avaient virtuellement supprimé la lenteur et la bureaucratie. La machine administrative, avec l’inertie de son pouvoir aveugle sur la masse des co-sentients, s’était mise à tourner de plus en plus vite. Des lois avaient été conçues et mises en vigueur dans la même heure. Des crédits avaient été votés et dépensés dans l’espace d’une quinzaine de jours. De nouveaux ministères avaient surgi avec des attributions fantaisistes et avaient proliféré comme des champignons fous. L’administration était devenue une grande roue destructrice dépourvue de pilote, qui tournait à une telle vitesse qu’elle semait le chaos dans tout ce qu’elle touchait. »

L’Etoile et le fouet, Franck Herbert

lundi 17 septembre 2018

Avancer, au moins un peu, chaque jour


« Eut-il raison de partir ? Je n'en suis pas certain. " Je ne voulais plus me mentir ", dit-il. Mais qui l'y obligeait ? Pas besoin de se mentir pour accepter des compromis, pour faire avancer un peu les choses, comme il avait commencé de le faire, enfin pour comprendre qu'on peut être plus utile au gouvernement, malgré d'inévitables frustrations, que sur son Aventin personnel ou médiatique ! Faut-il choisir entre l'idéalisme et le pragmatisme ? Seulement si l'idéalisme est impuissant, ou le pragmatisme à courte vue. Mais c'est justement ce qu'il s'agit d'empêcher ! Comment ? En mettant le pragmatisme au service de ses idéaux, en faisant preuve de réalisme, de pédagogie, de courage, d'obstination, d'habileté, enfin en faisant de la politique. Il ne suffit pas d'avoir raison à long terme. Encore faut-il avancer, au moins un peu, chaque jour. »

André Comte-Sponville, Challenges, 6.9.2018 (à propos de la démission de Nicolas Hulot)